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Isabelle Fijalkowski : De Cébazat au FIBA Hall of Fame

Après Jacky Chazalon et Antoine Rigaudeau, Isabelle Fijalkowski, née le 23 mai 1972 à Clermont-Ferrand, entre au FIBA Hall of Fame, l’occasion de redécouvrir son incroyable carrière et sa vie actuelle.

  • Comment se sont passés tes premiers pas dans le basket ?

Isabelle Fijalkowski : «  Pas facilement ! J’ai débuté à 9 ans, dans mon village à Cébazat au nord de Clermont-Ferrand et après deux saisons, j’ai arrêté. J’étais déjà grande, je n’arrivais pas à jouer, j’étais maladroite et beaucoup critiquée. L’ambiance n’était pas super ! J’ai repris au collège en UNSS puis l’année suivante à l’AS Montferrand car mon collège se trouvait à côté. Je n’avais pas vraiment envie, mais c’est une copine qui m’a convaincue ! Je suis arrivée dans une très bonne équipe et j’ai enfin appris à faire un double pas ! Nous avons passé deux années où nous avons presque tout gagné. Finalement, j’ai atterri au bon endroit au bon moment et Odette Grandjean qui m’entraînait et qui était la grand-mère de Geoffrey Lauvergne s’est aperçue que j’avais des facultés d’apprentissage intéressantes. J’étais déjà grande avec mes 1.83 en minimes et j’ai grandi jusqu’à mes 18 ans (1.95cm). J’ai ensuite enchaîné les sélections régionales puis nationales avec Jackie Delachet comme première entraîneuse nationale. »

  • Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

Les deux choses les plus marquantes pour moi se sont produites dans la même période. Tout d’abord la saison 2001-2002 ma dernière saison avec Valenciennes durant laquelle nous avons tout remporté  : Le tournoi de la fédération, la coupe de France, le titre de champion de France, l’Euroleague aussi avec un groupe exceptionnel et notre coach Laurent Buffard, mais aussi Edwige Lawson, Sandra Ledréan, Ann Wauters notamment. Et la seconde chose, c’est la même saison, mon dernier match officiel où nous gagnons le titre de championnes de France à Bourges. C’était la fin de ma carrière, le dernier résultat et la satisfaction de tout le travail accompli et de tous les succès, car j’ai toujours voulu gagner, j’ai fait du basket pour soulever des trophées et avec toutes mes coéquipières et mes coachs, j’étais fière. »

  • Et au niveau des déceptions, l’une d’entre elles ressort-elle ?

En fait, une seule que j’ai très mal vécue. C’est lors de ma 3ᵉ saison à Côme en 2000 ; Nous n’avions pas les résultats escomptés et le président a décidé de ne plus verser nos salaires. Nous étions punies comme des petites filles. Nous avons ressenti cela comme une trahison, un manque de professionnalisme flagrant et je suis partie, car la confiance n’existait plus. J’ai rejoint l’équipe de France pour préparer les JO de Sydney et j’ai signé à Valenciennes pour la saison suivante. »

  • Un mot sur la WNBA en tant que première française « draftée »

La découverte d’un autre monde, même si ce n’était que la première saison. J’avais déjà fait un an à Colorado quelques années plus tôt, mais la WNBA avait pris pour modèle la NBA et tout était surdimensionné. Ce fut la découverte d’un autre monde avec l’importance accordée au sport y compris féminin. Il y avait 12 équipes et on jouait tous les trois jours. J’avais été « draftée » en n°2 et j’ai évolué pendant quatre mois en été, en 1998 et 1999 avec les « Cleveland Rockers ». Ensuite, j’ai arrêté, car avec le club et l’équipe de France, je ne pouvais jamais m’arrêter. »

  • Tu as montré la voie et aujourd’hui d’autres t’ont succédé.

« Oui et c’est important que les jeunes aient envie de connaître cela. Que ce soit pour Iliana Rupert ou Marine Fauthoux c’est une expérience unique. »

  • Tu as pensé assez vite à ta reconversion…

«  C’était important pour moi de savoir ce que j’allais faire et j’ai donc préparé le professorat de sport. J’ai arrêté en juin et en septembre, il y avait les championnats du monde et cela coïncidait avec les débuts de ma formation. J’ai choisi d’assurer mon avenir, j’avais 30 ans et il était temps de le faire. »

  • Qu’est-ce qui a motivé ton choix ?

« J’avais passé le brevet d’état premier degré et je souhaitais demeurer dans l’entraînement pour accompagner, développer des jeunes comme on l’avait fait avec moi. C’était un peu, rendre ce que l’on m’avait donné ! Je souhaitais rejoindre une structure pour entraîner au quotidien et ainsi rejoindre un pôle espoirs. Diplôme en poche, j’ai pris la direction de la Bourgogne pour un an avant en 2004 de retrouver l’Auvergne où je suis cadre technique depuis. »

  • Et avec un prochain départ il me semble ?

« Je vais rejoindre l’Île-de-France pour un peu boucler la boucle. Gaëtan le Brigant a pris sa retraite depuis un an et est désormais dirigeant de la ligue Île-de-France. C’est lui qui m’a fait débuter à 16 ans en ligue féminine quand il entraînait l’AS Montferrand et il m’a sollicité pour le rejoindre sur de beaux projets, toujours pour redonner aux jeunes un peu de ce que j’ai reçu. »

  • Tes enfants sont également de bons basketteurs, il me parait ?

« Vincent a 16 ans, mesure 1.96m et évolue avec la JA Vichy, il se dirige vers les 2 m. Quant à Alicia, à 14 ans, elle évolue en championnat de France à Cournon et mesure 1m85. On verra de quoi leur avenir sera fait. »

  • Pour terminer, la dernière distinction t’honorant vient d’être publiée avec ton entrée au FIBA Hall of Fame, que ressens-tu ?

« Venant après Jacky Chazalon et Antoine Rigaudeau c’est une grande fierté. C’est la possibilité, comme avec le club des internationaux, de poursuivre le partage d’expérience avec toutes les générations. C’est aussi la reconnaissance de tout le travail accompli, le produit d’une histoire avec des valeurs de partage du patrimoine sportif. Je n’oublie pas que je suis l’héritière du CUC et auparavant d’Edith Tavert qui fut médaillée de bronze en 1952 aux championnats du monde. Nouas avons la responsabilité de perpétuer cette histoire, de transmettre cette passion. C’est un honneur et un devoir aussi. Les échanges avec les anciens internationaux avec Jacky Chazalon et Alain Vincent notamment sont très riches et permettent de côtoyer des joueuses et des joueurs qui ont marqué leur époque. C’est important pour notre communauté de maintenir ce lien. »

Merci beaucoup et bonne continuation !